On profite de la date de sortie officiellement annoncée depuis au moins trois semaines (à priori le 21 mai prochain), pour faire le point sur Deathloop, le FPS d’Arkane Studios Lyon dont certains ne connaissent même pas son existence. Vite, vite, le fouet pour ces gens-là.
J’ai une affection toute particulière pour Arkane Studios. Car entre Lyonnais on se comprend tellement mieux : les idées fusent sans chichis, les sommets ontologiques sont atteints en un éclair. Pourtant, la gouaillerie parisienne l’affirme haut et fort : Lyon c’est la cambrousse ! Le genre de ville provinciale, qui non contente d’être au carrefour de tout, mais au centre de rien, tourne sur elle même, comme une âme en peine, à l’instar de Punxsutawney (à vos souhaits), cette fameuse bourgade de Pennsylvanie mise en avant par le film « Un jour sans fin » de Harold Ramis avec Bill Murray. De la sorte, tout était prédisposé, pour qu’Arkane Studios Lyon reprenne le même concept avec Deathloop et enferme à son tour des protagonistes hétéroclites dans une boucle temporelle des plus infernale.
Colt contre Julianna Blake
Architectures froides inspirées des îles Féroé et ambiances Swinging Sixties seront le quotidien de Colt et Julianna Blake, deux assassins que tout oppose dans cet univers qui se mord viscéralement la queue. D’un côté, les turpitudes d’un héros tourmenté qui veut couper court à l’aberration surnaturelle qui agite l’île fictive de Blackreef. De l’autre, la protectrice exaltée d’un microcosme considéré comme paradisiaque et surtout soutenu pas des libertaires complètement givrés. Car sachez-le, Julianna, sera la plus hargneuse des belligérants qui désirent vous écorcher vif. Chargée spécifiquement de vous mettre des bâtons dans les roues, elle agira comme un électron libre et vous saluera d’une balle bien sentie pour peu que vous ne la voyiez guère venir. En d’autres mots, elle sera votre pire cauchemar sur la tâche ardue qui vous attend. Or, la condition sine qua non pour en finir avec cet imbroglio spatio-temporel est en apparence relativement simple : se défaire des huit figures du programme AEON avant la fin de la journée, à défaut de quoi, vous serez sommé de revivre la même ellipse quotidienne. Autoproclamés « visionnaires », ces énergumènes sont effectivement les gardiens d’un système bien rodé et exploitent pour leurs intérêts, les effets surnaturels de l’île. Possédant chacun un artefact ayant la caractéristique fâcheuse de maintenir la boucle fonctionnelle dans son intégralité, les « visionnaires » bénéficient en prime de capacités surhumaines.
Opération « mort didactique »
De toute évidence, Deathloop se définit plus comme un « Cluedo inversé » qu’un FPS Roguelite, comme l’aime s’entendre dire le directeur du projet, Dinga Bakaba. C’est pourquoi il faudra avant tout démêler l’écheveau proposé par Deathloop afin de réaliser un enchaînement de meurtres quasi parfaits. Pour ce faire, il s’agira d’être patient tout en sachant que l’horloge tourne et qu’une journée de 24 h semble bien courte. Dans tous les cas, pour produire le run idéal, il faudra acquérir suffisamment de connaissances (les cibles n’étant jamais là au même moment) pour reconstituer une à une, les pièces du délicat puzzle. Aussi, appréhender les lieux, observer les habitudes des PNJ, seront des passages obligés pour tenter de nouvelles approches qui vous feront avancer dans le jeu. À la manière du film Edge of Tomorrow, mourir est une option légitime, qui en dépit de vous faire recommencer un cycle, s’essaye à la méthode empirique pour résoudre avec violence le casse-tête de l’île de Blackreef.
Permis de se la boucler
Avant chaque tentative, Colt pourra emporter un certain nombre d’équipements et choisir des aptitudes (projection, piratage de système de sécurité, etc.) assez similaires à la franchise Dishonored. Et cela ne sera pas de trop, pour affronter ces personnages particulièrement dangereux le plus souvent assortis de leurs sous-fifres : les « éternalistes ». À ce sujet, Arkane Studios a souhaité positionner les « visionnaires » comme des adversaires coriaces et suffisamment proches du joueur en matière de compétences. Par exemple, Aleksis dit « The Wolf » possède une capacité de télékinésie analogue à la votre et vous mènera pareillement la vie dure. Quant à Julianna, elle détient le sort « masquerade » qui permet de se matérialiser en n’importe quel PNJ. Du reste, celle-ci pourra être incarnée par un joueur externe (plutôt qu’une IA fadasse) et envahir aussitôt votre instance de jeu, option bien entendue, désactivable. Cela ne vous rappelle rien ? Mais si… The Crossing, le projet avorté du studio lyonnais en 2009, qui proposait de mélanger jeu solo avec du multijoueur. Cette fonctionnalité intitulée crossplayer devait octroyer à d’autres joueurs l’éventualité de rejoindre votre session et de prendre ainsi possession de la partie adverse. Revanchard, Arkane Studios Lyon se devait dans la circonstance d’utiliser cette feature clé sans laquelle, il aurait été vraiment difficile pour les développeurs de se regarder le matin dans la glace.
Quoi qu’il en soit, Deathloop, verra le jour sur PC et PS5, une exclusivité qui devrait profiter pleinement de la nouvelle console de Sony et des commodités de la dual-sense, retours haptiques et déclencheurs adaptatifs compris. Vous l’aurez donc saisi, le très prometteur Deathloop détient sur papier, de quoi faire saliver n’importe quel malade de la gâchette en devenir. Mais ne vous y trompez pas, le jeu d’Arkane Studios a encore beaucoup de choses à prouver, et cela serait probablement une erreur de le précommander à la hâte sans que l’on en sache un peu plus. Un avis visiblement partagé par personne, puisqu’il est déjà disponible à la commande sur Steam et PlayStation Store.
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