Bizarrement, l’actualité de Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 développé actuellement par Hardsuit Labs m’a toujours laissé de marbre. Par exemple, le rachat en 2015 des licences White Woff Publishing de l’éditeur suédois Paradox Interactive pour 1,2 million de dollars ne m’a déclenché aucune émotion : pas même un froncement de sourcils. Invariablement, j’en concluais même que c’était le fruit de circonstances économiques totalement fortuites. L’ébruitement d’une probable seconde mouture de la franchise Bloodlines ? Pff, un pur hasard d’opportunistes. Que dire de plus sur l’annonce de sa sortie repoussée fin de l’année prochaine ? Clairement du pipeau de nos amis du marketing pour soumettre les consommateurs aux contingences de la non-vie. Olala…et…Brian Mitstoda en tant que concepteur du jeu épaulé par Chris Avellone ? Ah mince… ce n’est peut-être pas un coup du sort finalement.
Vous ne pouvez pas le savoir, mais il y a quinze ans (déjà ?), la découverte de Vampire : The Masquerade – Bloodlines a commencé pour ma part dans une mare d’artefacts et de pixels ensanglantés. Premier jeu à utiliser le source engine (encore en bêta à l’époque), toutes les conditions étaient réunies pour que Troika Games puisse sortir un RPG légitiment buggé. Cela n’a d’ailleurs pas loupé. Optimisé avec le genou de ma grand-mère, le jeu a zigouillé ma geforce 3 de bourgeois besogneux qui a rendu l’âme sous les nombreux effets de lumière et plus spécifiquement du système de particules plutôt gourmand en ressource. C’est en achetant une radeon 9550 avec mes maigres économies d’étudiant misérable, que j’ai pu enfin tester le bébé sous tous les angles. Et puis on ne parle pas de n’importe qui, car je vouais littéralement un culte aux bonshommes lettrés qui se cachaient derrière le projet. Je crâne salement, mais finalement qui jouait à Fallout 2 pour la septième fois, pendant ses partiels de droit, hein ?
Cela dit, quelques bribes de souvenirs me reviennent pêle-mêle à propos de VtM — Bloodlines. Déjà des bonnes choses : une patte artistique superbe, une ambiance gothico-punk profonde se vautrant dans un body horror borderline mais jouissif, des dialogues malkaviens complètement décalés et une excellente bande sonore. Puis aussi des gros bémols, qui entachent un jeu au bout du compte très linéaire. Bâclé sur sa seconde partie, il s’encombre en prime d’une fin plutôt décevante. Ce qui a sauvé le jeu ? La horde de fans qui a érigé une montagne de mods pour pallier aux trois à six mois de polish qui aurait été nécessaire pour rendre une copie correcte. En effet, Troïka Games dépose le bilan devant l’échec commercial de son projet. De plus, l’ex-studio californien doit légalement composer pour des raisons contractuelles avec le lancement de Half Life 2 qui rafle tout sur son passage. Une honte, mesdames, messieurs, surtout lorsque l’on sait que onze ans plus tard, la déclinaison de Bloodlines sur Steam se vend cinq fois plus.
Sombre partie pour les sangs clairs
Commençons par le récent rétropédalage de Hardsuit Labs qui annonce le report de la sortie de VtM — Bloodlines 2 pour la fin de l’année prochaine. C’est dire, s’il reste encore un peu de temps pour aller se chamailler avec les nosferatus du premier opus qui sera sans doute disponible à prix sacrifié pour Halloween. De même, cela nous laisse le loisir de jeter un œil averti et nonchalant sur la vidéo du gameplay présenté à la Gamescon 2019, qui donne le ton sur ce qui devrait nous attendre dans la ville de Seattle.
Exit donc Los Angeles, c’est au nord-ouest des États-Unis que Bloodlines 2 prend place, au sein d’une communauté affaiblie par les jeux de pouvoir incessants des différentes factions en place. Certaines d’ailleurs, n’hésitent pas à faire des étreintes de masse pour transformer le bétail (entendez ici les humains) en mort-vivant assoiffé de liquide écarlate, et ceci dans le but grossier d’accroître artificiellement leur rang. C’est ce qui arrive plus au moins au héros principal, qui devient de facto un sang clair ou un vampire de seconde zone aux capacités amoindries. Traditionnellement méprisés des sangs purs, ils sont considérés comme peu dignes de survivre. A l’instar de Los Angeles, la Camarilla est une faction chargée de faire respecter les règles à Seattle et traque habituellement ces citoyens au rabais. Mais visiblement dans Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 , la Camarilla n’apparaît pas comme avoir beaucoup d’ascendance. Arrivée depuis peu aux commandes (une vingtaine d’années seulement), elle effrite néanmoins l’influence séculaire de la faction des Pionniers, qui possède dans son giron les plus puissants vampires de la ville.
Chris Avellone dans tous les bons coups !
Écrit par Brian Mitsoda, le concepteur de l’histoire du premier volet, Bloodlines 2 devrait être à priori bien inspiré surtout lorsque l’on sait que son confrère et ami Chris Avellone — qui papillonne dans de nombreux projets — connaît le fort potentiel de l’univers de Vampire : The Masquerade et ne s’est donc pas fait prier, pour participer à la composition du jeu.
Par conséquent, on imagine très bien les brainstormings fumés de nos deux compères sur l’arc malkavien : un clan de vampires aussi redoutables qu’hallucinés qui devrait donner accès à des dialogues uniques à l’instar de la première déclinaison. Et puis l’occasion faisant le larron, cela nous permet de préciser en prime que Rik Schaffer le maestro de la bande sonore de VtM — Bloodlines sera bien évidemment de la partie. Une excellente nouvelle, puisque comme je le rappelle lourdement, l’ambiance du Bloodlines d’origine était majoritairement liée à son aura sonore, littéralement propulsée par des artistes de talents tels que Chiasm, Ministry, Tiamat, Lacuna coil, Genitorturers, Darling Violetta etc.
Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 acceptera heureusement les mods, pour compenser une durée de vie relativement courte
Suceurs de sang oblige, l’aventure se déroulera exclusivement de nuit et devrait vous tenir en haleine une trentaine d’heures. Oui, je sais, c’est fort peu pour un RPG (un Pathfinder nous cloue plus de 100 h à l’aise), mais plutôt correct pour un Action-RPG à la Deus Ex. Mon petit doigt m’indique également que VtM – Bloodlines 2 devra être néanmoins rejoué pour que l’on puisse découvrir toutes les quêtes annexes. Facile. En tirant sur la corde, on devrait donc arriver à une cinquantaine d’heures, d’autant plus que le jeu acceptera aussi les mods à l’instar de son grand-frère ce qui devrait motiver les plus fanatiques d’entre vous à y rester un peu plus longtemps. De même, la création de personnages sera plus poussée que son prédécesseur afin de booster la rejouabilité du jeu. Cela se traduira par une apparence physique plus variée et la capacité de poser enfin sur la table, le background pitoyable de votre existence humaine, ce qui influera de ce fait, la manière dont réagiront les PNJ rencontrés lors de votre non-vie.
Clans jouables et factions
Plus intéressant encore, Paradox a révélé au compte-goutte les cinq premiers clans jouables sur les sept initiés par le premier épisode. De cette façon, vous pourrez incarner les Brujahs (des brutes anarchistes), les Tremeres (magiciens utilisant les vertus du sang), les Ventrues (les aristocrates), les Toreadors (les esthètes) et les Malkaviens (les manipulateurs schizophrènes). A noter, que vous débuterez en tant que Sang clair : un clan à part qui s’est organisé pour survivre à la dure et gravir les échelons du pouvoir. Vraisemblablement, selon l’éditeur suédois, vous serez plus tard convié à rejoindre un clan authentique.
À ce jour, il y a peu d’informations à glaner sur le sujet des laissers-pour-compte tels que les nosferatus (vous savez, les hideux aux talents furtifs ?) et les gangrels (les solitaires à l’instinct animal). Il faudra attendre (ou pas), d’éventuelles mises à jour ou simplement des DLC qui abonderont peut-être dans ce sens. Qui sait ? Cela nous invite à penser également, que la présence des nosferatus complexifie diablement le gameplay, ces derniers ne devant absolument pas être vu par les humains, sous peine de révéler l’existence des vampires. Il faut donc prévoir des voies ou pouvoirs alternatifs (et j’ose croire que les développeurs y ont songé) pour circonvoluer dans le monde que l’on imagine assez simplifié de l’univers du jeu de rôle sur table. Les gangrels de leur côté, supportent assez peu leurs congénères, et préfèrent de loin, être à proximité de leur territoire de chasse (en pleine nature), ce qui colle assez peu finalement à un macrocosme social et claustrophobe d’une mégapole comme Seattle. De plus, même si leurs intérêts et leurs modes de vie divergent, leurs aptitudes sont très proches des brujahs, ce qui est difficile à justifier en termes de gameplay sans sabrer les règles de Vampire : The Masquerade.
Paradox souligne également que VtM – Bloodlines 2 sera moins linéaire que son aîné, notamment sur les choix de départ du joueur. En effet, vous pourrez prêter allégeance à une ou plusieurs des cinq factions disponibles ou tout bonnement changer d’avis pour adhérer au mieux à l’atmosphère incertaine de Seattle. Ainsi, vous croiserez, les Pionniers (des illustres vampires complètement has-been), la Camarilla (moderne et sophistiquée), les Barons (la pègre vampirique, aussi dangereuse qu’indispensable), les Nouveaux venus (dominé par les sorciers Tremeres) et enfin les Invisibles nosferatus spécialisés dans l’espionnage, hacking et autres missions parallèles.
Disciplines et résonances
Conformément à VtM — Bloodlines, tous les joueurs disposent d’un certain nombre de pouvoirs ou disciplines pour gérer des situations sociales ou physiques qui vont vous permettre de sortir de certaines ornières scénaristiques. A priori, dans VtM – Bloodlines 2 vous pourrez piocher jusqu’à six aptitudes en même temps, ces dernières étant liées pour la plupart à votre clan. Mais vous n’y accéderez pas tout de suite, car en tant que sang clair vous serez limité à trois disciplines. C’est seulement par la suite, une fois affilié à un clan, que vous bénéficierez au choix de cinq autres disciplines plus spécialisées.
Et c’est sans compter le concept de résonance qui distingue le type d’hémoglobine absorbé et magnifie par là même votre puissance vampirique. De la sorte, vous pourrez savourer du plasma conformément à son cuvage, qui diffère d’après l’émotion de votre victime, et cela au gré de certains critères : le délire, le désir, la peur, la douleur et la rage. Chaque résonance consommée apporte (l’éditeur parlant même d’une expérience secondaire) son lot de capacités en fonction de vos préférences, ce qui constitue un motif valable pour rendre votre personnage complètement pété.
Pour conclure, Paradox annonce que le jeu devrait être disponible fin 2020, à partir de 59,99€ sur PC, PS4 et Xbox One. En attendant, cela ne vous empêchera pas de laisser un peu de place à Vampire : The Masquerade — Coteries of New York prévu le 4 décembre prochain. À déguster uniquement entre personnes civilisées.
Genre : RPG | Développeur : Hardsuit Labs
Éditeur : Paradox Interactive
Site officiel : https://www.bloodlines2.com
Date de sortie : Fin 2020 | Plateformes : PC, PS4, XBOX ONE
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