Le réalisme magique vous connaissez ? C’est une expérience incroyable quand vous la vivez pour la première fois. Pour s’en convaincre, il suffit d’une petite pensée évanescente pour le studio Owlcat Games, un banal 4 février, pour plonger instantanément dans l’irrationnel de l’actualité vidéoludique. Je vous ferais donc fi de ces diables russes réagissant à mon appel télépathique jusqu’à l’absurde, se traduisant par la mise en ligne, voulue pleine de hargne et de mordant, de leur nouveau Kickstarter pour leur prochain poulain (déjà au stade de l’alpha), j’ai nommé Pathfinder : Wrath of the Righteous inspiré de la campagne éponyme du jeu de rôle sur table. Flippant non ? C’est promis, j’abandonne les sciences occultes.
Toutefois, la part d’étrangeté ne s’arrête pas là avec le studio Owlcat Games, car c’est par l’entremise d’un kickstarter tonitruant que Pathfinder : Wrath of the Righteous valide son objectif principal en moins de 24 h et dépasse à l’heure où j’écris ces quelques lignes, le crowdfunding de son aîné Kingmaker en termes de collecte de fonds en franchissant la barre du million de dollars collectés. Il y a dix ans, si vous m’auriez sifflé ce scénario au creux de mes petites oreilles sensibles, je vous aurais pris pour un fou dangereux et fait interner au plus vite avec l’interdiction formelle de toucher de près ou de loin à un cRPG isométrique.
Prudence et stratégie : les clés de la réussite du studio moscovite
Face à un tel engouement, je me dois de vous donner quelques explications qui devraient relativiser cette nouvelle un poil exaltée. Tout d’abord, vous constaterez que les ventes décentes de Kingmaker confirmée par les communiqués de THQ Nordic montrent que le studio moscovite répond à une demande réelle tout en surfant allègrement sur la franchise Pathfinder de Paizo Publishing. Pourquoi ? Si on peut parler de courant mainstream parmi les rôlistes, Pathfinder en est l’incarnation ou du moins un sacré représentant. La notoriété est donc présente. Anecdote rigolote, si cela fait fuir les puristes les plus snobs, cela reste au demeurant une alternative crédible et enrichie des règles D&D 3.5, face à une 4e édition qui se cherchait encore. Le drame. Un tir heureusement rectifié avec D&D 5 qui donne par là même du mou bienveillant aux MJ à l’approche encyclopédique de la 1re parution de Pathfinder.
Puis, fait non anodin, mais pas des moindres, et vous l’avez noté surement, Owlcat Games joue ici la carte de la prudence, en annonçant une suite qui minimise la prise de risque technique et financière, car sous son air de grosse chouette chaloupée, le studio russe se doit d’agir en loup carnassier pour assurer sa survie en milieu hyperconcurrentiel. En effet, indépendant depuis octobre dernier, Owlcat Games s’est séparé de son éditeur MY.GAMES, et rigueur budgétaire oblige, utiliser la voie des financements participatifs semble être l’option la plus naturelle pour attirer des capitaux privés.
Pour rappel, Pathfinder : Kingmaker sorti en septembre 2018, réussit le tour de force de se positionner comme le véritable fils spirituel de Baldur’s Gate 1 & 2 avec sa vue en 3D isométrique et son système de combat pausable en temps réel.
Buggé jusqu’à la moelle à sa sortie en 2018, Kingmaker n’arrache pas l’excellente auprès de la presse, malgré la réactivité du studio. D’autres défauts comme sa rigidité oldchool à l’instar des cRPG utilisant l’Infinity Engine est pointée du doigt, par exemple le système de pause et pour ceux qui n’ont pas la patience (ni le skill, NDLR), cela peut être un calvaire ce qui justifierait un système de combat au mode tour par tour pour clarifier les assauts. Mais qu’importe, Kingmaker propose une durée de vie exemplaire (plus de 100 h sans forcer) et des combats à l’ancienne renforcée par la solidité des règles de la franchise Pathfinder. Le scénario med-fan classique, offre une gestion de royaume avec la conquête de ce dernier, qui fait le travail et ne se perd pas dans des histoires par trop alambiquées au détriment d’un gameplay qui n’en demandait pas plus.
Comprenez-le, les sensations sont là, le challenge est présent, les fans de la première heure ne se sont pas trompés : ils ont clairement misé sur le bon cheval, qui rend hommage aux cRPG d’antan de Bioware et Black Isle Studio. Cela dit, soyons un peu honnêtes, il manque dorénavant la folie scénaristique d’un deuxième opus.
Toujours plus épique, toujours plus loin
Alors qu’est-ce qu’apporte en définitive Pathfinder : Wrath of the Righteous ? A priori, un univers assombri, car contrairement à son ainé, il ne suffira pas de débroussailler la rase campagne avec votre canif, en jactant des blagues creuses avec vos comparses. Il y aura cette fois-ci, un mode tour par tour disponible et plus de pression. En effet, le contexte de cette seconde mouture prend place dans Wolrdwound : une région envahie par les forces abyssales depuis plus d’un siècle, cristallisant ainsi les conflits sous forme de croisades successives. Un affrontement qui se serait étendu sans le pouvoir protecteur des Wardstone qui empêche les bestioles infernales de guerroyer tous azimuts vers les pays limitrophes. Cependant, l’attaque de l’un de ces artefacts menace ce fragile équilibre qui préserve les races mortelles. Nouvellement éveillé à des aptitudes divines, votre personnage va prendre peu à peu le lead sur cette campagne en installant un pied-à-terre en zone ennemie. Pour ce faire, cette suite intègre la feature en vogue du jeu de rôle sur table Patfinder : les classes mythiques. À l’instar des destinées épiques et autres voies paragoniques tirées de D&D, les classes mythiques vous permettront de bénéficier de capacités hors-norme en plus de votre classe d’origine afin de faire pencher la balance dans ce joyeux bazar manichéen.
Cette ascension mythique si vous l’acceptez (car vous aurez le choix de refuser) aura également une influence certaine sur votre physique et par corollaire des répercussions notables pour votre entourage. Dès lors, on peut très bien imaginer que vos compagnons pourront opter pour la poudre d’escampette plutôt que de disrupter entre belligérants ou bien que les PNJ risquent de réagir crânement à chacune de vos sautes d’humeur. Toujours est-il, que vous pourrez emprunter en plus des six classes inédite à découvrir, les fameuses voies ou classes mythiques. De la sorte, se changer en ange, démon, azata (sorte de champion céleste) ou en liche sera désormais très tendance en juin 2021 pour un poète Skald, période au cours de laquelle devrait sortir le jeu. Ah oui, j’oubliais, mentions spéciales à l’aeon avec sa capacité à remonter dans le temps pour restaurer l’équilibre cosmique, et le trickster pour son aptitude divine à influer sur les jets de dés. Je l’affirme, ce jeu est une tragédie pour toutes les personnes humbles comme moi qui souhaitaient incarner un vrai gnoll des prairies.
Genre : RPG | Développeur : Olwcat Games
Site officiel : https://wrath.owlcatgames.com
Date de sortie : juin 2021 | Plateforme : PC
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